Les complications postopératoires

À la suite d'une intervention chirurgicale, deux types de complications peuvent survenir :

  • Celles qui sont en relation immédiate avec le geste opératoire : ce sont les complications chirurgicales
  • Celles qui sont indirectement liées à l'acte opératoire : ce sont les complications générales

Nous allons les traiter successivement pour les deux techniques : la voie incisionnelle et la cœlioscopie robot-assistée.

Les complications de la voie incisionnelle

Les complications chirurgicales

Les pertes sanguines et le risque de transfusion :

La prostatectomie incisionnelle était considérée, il y a une quinzaine d'années, comme une intervention hémorragique avec un risque élevé de transfusion.Les progrès techniques ont permis de contrôler très efficacement le saignement opératoire abaissant ce risque transfusionnel aux alentours de 3 %.C'est en fait le saignement postopératoire qui peut être responsable des pertes sanguines significatives. Ce saignement, négligeable à la fin de l'intervention, peut de façon imprévisible être un peu plus important dans les heures qui suivent.Il se produit une accumulation de sang dans la zone opérée que le drain ne peut évacuer complètement : on appelle cela un hématome.Si cet hématome est important, au point d'être douloureux, on peut être exceptionnellement amené à ré-opérer pour l'évacuer. Le plus souvent, il ne s'accompagne d'aucune douleur et c'est la prise de sang de contrôle, vers le deuxième ou troisième jour, qui montre une baisse du taux des globules rouges et de l'hémoglobine et laisse supposer qu'un hématome a dû se produire. Il va se résorber tout seul spontanément.Si le chiffre est assez bas, il faut alors avoir recours à une transfusion de sang.Les patients qui ont eu une préservation nerveuse sont un peu plus exposés à ce risque car l'électrocoagulation des petits vaisseaux sanguins, faite en fin d'intervention, est ici interdite car elle détruirait dans le même temps les rameaux nerveux.

Les complications pendant l'intervention :

Elles sont totalement exceptionnelles, il s'agit de blessures involontaires d'organes de voisinage qui sont immédiatement réparées par le chirurgien : citons par exemple la plaie du rectum ou de l'uretère.

L'hématome et l'abcès de la cicatrice :

Parfois, il peut survenir un saignement sous la peau qui entraîne secondairement une accumulation de sang. Cet hématome va se traduire par un gonflement plus ou moins important de la cicatrice. Il faut alors retirer quelques fils ou quelques agrafes pour permettre l'écoulement de sang noirâtre. Tout rentre ensuite dans l'ordre en quelques jours avec quelques soins infirmiers.L'abcès de la cicatrice est rarissime, il ressemble à l'hématome. C'est une infection qui survient quelques jours après l'opération et qui entraîne une formation de pus sous la peau. Il existe une cicatrice gonflée avec de la fièvre. Le traitement est le même que l'hématome : il faut retirer quelques points et le pus s'évacue instantanément. Cela nécessite ensuite quelques soins infirmiers car la cicatrisation cutanée est un peu plus longue.

Les anomalies de la suture entre la vessie et l'urètre :

Elles sont totalement exceptionnelles. Le défaut d'étanchéité de la suture s'accompagne d'une fuite d'urine qui sera évacuée par le drain. Le traitement est simple, il faut laisser la sonde urinaire en place suffisamment longtemps pour permettre la cicatrisation. Le délai du sondage est variable selon l'importance de la fuite d'urine : de une à trois semaines.Le rétrécissement de la suture est constaté quelques semaines après l'intervention. Il se traduit par une baisse progressive du jet urinaire. Le traitement nécessite une dilatation sous anesthésie locale qui peut être renouvelée plusieurs fois.

La lymphocèle :

Cette complication peut survenir lorsqu'un curage ganglionnaire a été réalisé. Les petits vaisseaux lymphatiques* qui ont été coupés véhiculent de la lymphe qui se déverse dans la plaie opératoire après l'opération. Cette situation est tout à fait comparable à l'hématome, le sang étant ici remplacé par la lymphe.Lorsque l'accumulation de lymphe est importante (c'est la lymphocèle), il faut simplement la ponctionner avec une fine aiguille.

Le défaut de cicatrisation des muscles abdominaux (l'éventration) :

Cette complication est rarissime.Elle peut être expliquée par une reprise trop rapide de l'activité ou la mise en tension des muscles abdominaux de façon violente sur une cicatrice fragile.Si on prend soin de bien attendre un mois après l'intervention avant de reprendre une activité physique normale et au moins trois mois pour le sport, on évitera cette complication.

Les complications générales

L'infection urinaire :

Le plus souvent, cette complication ne s'accompagne d'aucun symptôme. Parfois, il peut y avoir quelques brûlures en urinant ou de façon plus rare de la fièvre. L'analyse d'urine faite systématiquement en cours d'hospitalisation confirmera le diagnostic.Un traitement antibiotique est alors prescrit pendant plusieurs jours.

La phlébite :

Ce risque est constant pour toutes les interventions chirurgicales, c'est la raison pour laquelle il est réalisé systématiquement un traitement préventif par héparine, qui nécessitera une piqûre quotidienne pendant l'hospitalisation mais également lors de votre retour à domicile pendant huit à dix jours.

L'embolie pulmonaire :

Elle survient après une phlébite, souvent inaperçue, malgré le traitement de prévention par héparine. Son évolution est le plus souvent favorable, mais parfois il peut s'agir, de façon rarissime, d'un accident brutal et massif pouvant conduire au décès.

Les complications cardiaques :

Elles sont tout aussi exceptionnelles que l'embolie pulmonaire, elles témoignent très souvent d'une maladie cardiaque ancienne.Le but de la consultation d'anesthésie est de dépister ces patients fragiles et contre-indiquer l'intervention.

Les complications de la prostatectomie cœlioscopique

Toutes celles qui ont été décrites pour la chirurgie incisionnelle peuvent se retrouver également dans ce chapitre. Nous insisterons uniquement sur ce qui est plus spécifique à la cœlioscopie robot-assistée.

Les complications chirurgicales

Les complications pendant l'intervention :

- Les blessures d'un organe lors de la mise en place des trocarts :Ce risque existe mais il est rare. En fait, il s'agit le plus souvent d'une petite artère musculaire qui a été blessée, sa ligature arrête le saignement immédiatement.- Les blessures d'un organe lors de l'opération :La réparation de l'organe peut être faite sous cœlioscopie mais le geste est parfois délicat et certains chirurgiens préféreront « convertir », c'est-à-dire opérer classiquement par une ouverture pour réparer l'organe.Les anomalies de la suture entre la vessie et l'urètre :Elles sont plus fréquentes sous cœlioscopie car la suture entre la vessie et l'urètre est techniquement plus difficile à réaliser. De même, les fistules urétro-rectales ne sont plus tout aussi exceptionnelles qu'à ciel ouvert.Les complications générales

L'embolie gazeuse :

Cet accident est très rare et peut survenir dans toute intervention cœlioscopique. Elle est due à la blessure involontaire d'une veine de gros calibre. Le gaz utilisé pour gonfler l'abdomen s'introduit dans la veine et gagne les poumons. Le pronostic dépend bien entendu de la quantité de gaz qui a migré. L'évolution est heureusement favorable le plus souvent.L'énumération toujours fastidieuse de toutes ces complications peut vous inquiéter, en fait elle doit simplement rappeler que le risque zéro n'existe pas… comme dans beaucoup d'autres domaines.